Gods at school – knowledge and the trajectories of young people in the southern countries

Savoirs et trajectoires des jeunes dans les pays du Sud

Le numéro entend interroger les causes, l’ampleur, les contours et les enjeux pour la jeunesse de le « retour de Dieu » dans les structures d’enseignement privées et publiques (primaire, secondaire ou supérieur), ainsi que dans divers espaces de formation diversement formalisés.

Quels sont les objectifs économiques, politiques, culturels ou sociaux du déploiement des offres d’enseignements confessionnels ?

Ces objectifs différent-t-ils d’un continent ou d’un pays à l’autre ?

Comment les jeunes se saisissent de ces dispositifs, de ces savoirs et de ces croyances à « l’âge de la quête » dans leurs trajectoires d’apprentissage et de vie ?

Les trajectoires de la jeunesse sont-ils structurellement différents selon les pays pauvres ou émergents ?

 Argumentaire

La question de l’enseignement religieux à l’école a été posée dès la structuration du système scolaire dans sa configuration de masse dans les pays du nord, puis dans sa diffusion par le biais de la colonisation dans différents pays ou son développement non sécularisé dans d’autres.

Si la tendance au XIX e et XX e siècles a été à une sécularisation de l’enseignement dans de nombreux Etats, le début du XXI e siècle semblerait révéler au contraire le retour ou le déploiement de l’enseignement de la religion et de la spiritualité dans des écoles et divers dispositifs de formation.

L’essor de l’enseignement religieux parait toucher les pays du Sud sous des formes très variées : du développement de l’enseignement arabo-islamique public comme privé en Afrique subsaharienne, aux réformes curriculaires des dispositifs publiques et de la valorisation des savoirs et des spiritualités autochtones en Amérique Latine et en Asie, en passant par le développement d’écoles adventistes, mormones et juives ou encore d’école privées catholiques d’élite sur différents continents ou les séjours de formation religieuse.

Ces dynamiques d’enseignement religion et/ou spirituel (1) méritent une mise en perspective d’un dispositif à l’autre, d’une religion à l’autre, d’un pays à l’autre.

Le numéro entend ainsi interroger les causes, l’ampleur, les contours et les enjeux pour la jeunesse de ce « retour de Dieu » (2) dans les structures d’enseignement privées et publiques (primaire, secondaire ou supérieur), ainsi que dans divers espaces de formation diversement formalisés.

Quels sont les objectifs économiques, politiques, culturels ou sociaux du déploiement des offres d’enseignements confessionnels ?

Ces objectifs différent-t-ils d’un continent ou d’un pays à l’autre ?

Comment les jeunes se saisissent de ces dispositifs, de ces savoirs et de ces croyances à « l’âge de la quête » (3) dans leurs trajectoires d’apprentissage et de vie ?

Les trajectoires de la jeunesse sont-ils structurellement différents selon les pays pauvres ou émergents ?

(1) Il ne s’agira pas dans ce numéro de traiter de l’enseignement des religions comme de l’histoire des religions et des civilisations, mais d’analyser l’enseignement religieux ou spirituel (animisme par exemple) visant à former les jeunes (entendu ici comme groupe d’âge de 12 à 25 ans) dans une conviction spirituelle ou religieuse.

L’éducation est comprise au sens scolaire (sous-thèmes 1 et 2 : dispositifs, acteurs, curricula) et non scolaire du terme (sous-thème 3 : trajectoires et apprentissages hors école).

(2) Nous empruntons l’expression à E.

Charlier, 2002.

(3) Expression de Lefebvre, 2010.

L’un des enjeux du numéro est d’éclairer dans quelle mesure les acteurs de l’offre de l’enseignement religieux, les contenus religieux et les trajectoires des jeunes ayant suivi ces enseignements participent ou non à des regroupements communautaires dans des contextes potentiels de conflits géopolitiques, territoriaux, politiques et/ou socio-économiques.

Les articles peuvent aussi traiter de l’un ou plusieurs des thèmes suivants :

1.

Dispositifs et acteurs de l’éducation religieuse et spirituelle

Il s’agira d’analyser les types de dispositifs d’enseignement de base, secondaire ou supérieur dispensant un enseignement religieux : enseignement privé, enseignement publique, écoles communautaires, centres d’alphabétisation et de formation professionnelles, universités indigènes, dispositifs de statuts hybrides.

Pourront également être pris en compte les cours complémentaires comme le catéchisme, l’enseignement coranique, les cours des groupes adventistes, les séjours de formation religieuse ou encore l’appartenance à une association religieuse dans les quartiers populaires avec des missions éventuelles d’évangélisation de voisinage.

On pourra comparer divers dispositifs avec les questions suivantes : L’enseignement religieux y est-t-il au fondement du projet éducatif ou invité seulement à le compléter ?

Existe-t-il des évolutions dans le poids accordé à la religion dans le dispositif étudié ?

Quelle ampleur et quel sens prend le développement de l’enseignement religieux : évolutions statistiques en termes de nombre d’écoles et d’élèves, de type de religions ou de mouvements spirituels concernés selon les aires géographiques ?

Pourront également être étudiés les acteurs impliqués dans ces enseignements : États (laïques et non laïques, en situation de paix, de guerre ou de post-conflit, sous différents types de gouvernement), ONG, groupes privés, organisations internationales (comme l’UNESCO, l’ISESCO(1), l’UNICEF, la Banque mondiale, etc.), confréries, mouvements religieux, églises, parents, familles, jeunes.

Quelles sont les intentions et les projets économiques, politiques, sociaux et identitaires de ces acteurs ?

Quelles formes revêtent l’articulation entre les différents groupes impliqués (ignorance, oppositions, connivences) ?

Quel poids prend l’engagement religieux dans le quotidien des jeunes face à d’autres espaces de socialisation quotidienne comme la famille ou le travail ?

Les acteurs et leurs interrelations divergent-t-il d’un pays à l’autre ou d’une religion transmise à l’autre ?

(1) Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO).

2.

Curricula religieux et spirituels : contenus et pédagogies

L’analyse des textes permettra d’observer la structuration des programmes d’enseignement religieux (durée, matières, articulation entre matières), ainsi que des contenus des cours de religion : textes sacrés, pratiques religieuses, thèmes profanes abordés, etc.

Quels sont les thèmes de prédilection des enseignements religieux ?

Assiste-t-on à une « confessionnalisation » des matières non religieuses comme la biologie, l’écologie ou l’histoire ?

Une attention particulière pourra être accordée à la manière dont les enseignements religieux abordent les autres religions, croyances ou pratiques spirituelles, ainsi que les autres modèles de société et de civilisation.

Quels sont les mécanismes de connaissance, de valorisation, ou au contraire d’ignorance, de rejet, d’instrumentalisation des croyances, des cultures et des modes de vie différents dans les programmes et les salles de classe ou les diverses situations de transmission ?

Les articles pourront également décrypter les types de pédagogie et d’andragogie utilisés.

Favorisent-elles plutôt la réflexivité, la mémorisation ou l’apprentissage corporel comme dans les pratiques hindouiste du yoga religieux, les mouvements prières des religions monothéistes et des courants soufis ou dans le chamanisme ?

Quels types de rapport au savoir et à la croyance révèle l’analyse des curricula religieux (officiel, cachés et réels) ?

Les contenus et les pédagogies varient-ils selon les pays ou selon les dispositifs éducatifs pour une même religion ou spiritualité transmise ?

3.

Trajectoires des jeunes, usages des savoirs religieux, transition vers l’âge adulte

Enfin, pourront faire l’objet d’interrogations les trajectoires différenciées des jeunes dans leurs parcours d’apprentissage au gré de leurs passages entre des dispositifs religieux.

Cumulent-ils au fil de leur cursus des cours religieux successifs et/ou complémentaires ?

Leur mise en union, leur constitution d’une famille et plus généralement leur transition vers l’âge adulte sont-elles influencées par leurs passages dans les enseignements religieux pendant l’enfance et la jeunesse ?

Dans quelle mesure leur passage prolongé dans une institution et par un enseignement religieux, selon son type et sa durée, modifie le cours de leurs trajectoires professionnelle, familiale et génésique ?

Assiste-t-on à un passage à l’âge adulte plus « précoce » dans les cas de jeunes ayant suivi intégralement une formation de type religieux ?

Quelles sont les motivations des jeunes à s’engager eux-mêmes dans des carrières d’enseignement religieux ?

Certaines religions tendent-t-elles alors à perdre de l’influence face à d’autres religions en expansion et exerçant davantage d’attractivité auprès des jeunes générations ?

Observe-t-on enfin des migrations de jeunes pour des motifs liés entre autres à leur appartenance et croyances religieuses ?

Des biographies et des histoires de vie pourront par exemple être utilisées pour analyser les points de rupture d’une séquence de vie à une autre.

Cette analyse pourra se faire autour d’événements biographiques indépendants des situations d’apprentissage (décès d’un parent, perte ou gain d’un emploi dans la famille, mobilité géographique, événement politique du pays ou de la région, etc.).

Elle pourra aussi prendre en compte les usages des savoirs et des croyances dans les trajectoires ainsi que leur importance dans les choix de parcours professionnels des jeunes générations.

Par ailleurs, dans quelles circonstances observe-t-on des phases d’engagement religieux, communautaires, politiques ou au contraire des ruptures avec le mi

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